Cette semaine l’ITF (la Fédération internationale de tennis) va trancher sur une réforme au sujet de la Coupe Davis. Un projet qui divise et qui fait débat et sur lequel nous allons donc à présent revenir.
D’un côté on retrouve des partisans qui souhaiteraient voir le tournoi raccourci, devenir plus lucratif et moins contraignant. De l’autre se dressent les adeptes d’un format centenaire, bien que boudé par les stars. Et ce sera demain, jeudi 16 août, que la grande réforme de la Coupe Davis, qui divise donc radicalement le monde du tennis, sera soumise au vote à Orlando en Floride. Ce sera alors la fin d’une lutte acharnée entre deux camps qui s’affrontent depuis bien longtemps sur le projet proposé par la Fédération internationale de tennis (ITF). Un projet qui vise en priorité à profondément réformer la mythique compétition internationale qui fut créée en 1900.
Mais alors, quels seront les changements ? Eh bien, en premier lieu, nous n’aurons plus droit à l’habituelle compétition étalée sur quatre week-ends de trois jours. Cette réforme permettra de voir ce planning remplacé par une phase finale raccourcie regroupant 18 équipes, disputée sur une semaine en novembre, pour clôturer la saison.
Autre réforme importante : oubliez l’avantage de jouer devant son public, car l’épreuve sera centralisée sur terrain neutre. Il est important de relever également que les rencontres dantesques terminées au bout du cinquième set du cinquième match ne seront plus d’actualité. En effet, il sera impossible d’en arriver jusque-là avec la nouvelle formule prévue qui favorisera en fait des duels en trois matches, deux simples et un double, qui seront disputés au meilleur des trois manches.
Cette réforme fait preuve en quelque sorte de logique sportive et économique. Le président de l’ITF, David Haggerty, s’est montré optimiste quant à l’adoption de la réforme lors d’un entretien à l’AFP : « Beaucoup de nations, non seulement en Europe mais partout dans le monde, soutiennent la réforme. ».
Et il n’a pas tort de partir confiant, car cela reste en effet le cas de nombreuses fédérations comme la fédération française (FFT), l’une des cinq entités pesant le plus dans le scrutin, avec la Grande-Bretagne, l’Australie, l’Allemagne et les États-Unis. Son président, Bernard Giudicelli, affirme de son côté : « D’un côté, il y a la passion un peu cocardière, et de l’autre côté une analyse rationnelle fondée sur des critères sportifs et économiques. ».
Et c’est justement ce critère financier qui reste un argument de poids pour l’ITF, qui est l’instance qui a signé un partenariat juteux avec le groupe d’investissement Kosmos. Un partenariat affichant des chiffres de trois milliards de dollars (2,5 milliards d’euros environ) sur 25 ans. Ce qui garantit en fait vingt millions de dollars (17 M EUR) annuels aux joueurs, et bien plus encore aux fédérations.
Si nous nous penchons du côté sportif, on retrouve ici un format condensé sur une semaine qui vise plus particulièrement à séduire les grands noms du tennis. Des grandes stars qui ont tendance, il faut bien l’avouer, à bouder cet événement une fois qu’ils l’ont déjà remporté.
De grands noms ne manquent pas de donner leur avis sur la question, comme par exemple l’ancien N.1 mondial, Novak Djokovic, qui jugeait au printemps le nouveau projet de « fantastique ». Il s’est engagé en réitérant de nouveau son approbation la semaine dernière. Tout comme l’ancienne vedette américaine Andy Roddick et l’ex-gloire allemande Boris Becker qui ont confirmés dans la presse être également favorables à cette refonte de la Coupe Davis. Roger Federer, actuellement en lice au tournoi de Cincinnati, a concédé récemment que « la Coupe Davis devait faire quelque chose. ». Sans pour autant s’avancer ou s’impliquer plus sur la question et sur sa proposition.
Les voix de ces grands noms du tennis ont forcément un poids et un impact dans la balance, car elles portent. Des voix qui sont imposantes, tout comme celles des trois tournois du Grand Chelem, à savoir Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open, qui ont quant à eux apporté leur soutien à ce grand projet. Il est intéressant de soulever cependant que l’Open d’Australie, quant à lui, ne l’a pas fait. Une occasion justement pour nous de vous expliquer pourquoi.
C’est en effet du côté de l’Australie que l’on retrouve le plus fort pourcentage de détracteurs. C’est d’ailleurs sur ce continent qu’ils sont les plus virulents. La Fédération est en effet partenaire de l’ATP qui est quant à elle organisatrice du circuit professionnel masculin. Une occasion de voir la tenue de sa World Team Cup, une compétition par équipes jouée en janvier à l’aube de la saison, et dont le retour à partir de 2020 a été officialisé début juillet, voir tomber en concurrence directe avec la Coupe Davis.
C’est la raison pour laquelle le Tennis Australia monte au créneau contre la Coupe Davis et cette réforme qui va en faire un nouveau format, qui entrerait donc assurément en concurrence avec la Coupe du monde voulue par l’ATP. L’instance ira même jusqu’à adresser une lettre à l’ITF dans laquelle elle déplorera : « La formule proposée enlève à la Coupe Davis tout ce qui en fait un événement unique et spécial. ».
Parmi les détracteurs, on retrouve également Lleyton Hewitt, ancien N.1 mondial qui déclare : « Vous ne pouvez pas appeler ça la Coupe Davis. C’est une transaction financière. ». Il sera suivi dans ses propos par la légende Rod Laver qui expliquera de son côté : « Les matches que j’ai joués pour l’Australie, à domicile comme à l’extérieur, restent parmi mes souvenirs tennistiques les plus précieux. ».
Mais il n’y a cependant pas qu’en Australie qu’on voit d’un mauvais œil cette réforme. En France, les tenants du titre de l’épreuve sont également sceptiques. Lucas Pouille, qui vient d’être éliminé du tournoi de Cincinnati, montre son désaccord en témoignant : « On ne peut pas envisager de disputer une Coupe Davis fin novembre, trois semaines après la fin de saison. Sinon on ne peut pas avoir de période de repos. ».
De son côté, le sélectionneur français Yannick Noah se désespère de voir cette réforme passer : « Ils ont vendu l’âme d’une épreuve historique. ».
Plus que quelques heures à attendre avant de voir les 144 fédérations nationales, qui sont habilitées à voter, trancher pour adopter ou pas cette réforme, sachant cependant qu’une majorité des deux tiers des suffrages exprimés est requise pour l’adoption du projet. Une affaire à suivre, qui ne doit pas vous empêcher de continuer à suivre cette semaine le tournoi de Cincinnati et donc de parier sur vos joueurs préférés sur des sites de bookmakers comme Winamax ou ParionsSport.